Certains mécanismes cellulaires impliqués dans la douleur sont propres à chaque sexe
Contrairement à une idée répandue, les différences homme-femme dans la perception de la douleur ne sont pas subjectives. Une étude publiée aujourd’hui dans la revue Brain par des chercheurs de l’Université Carleton et de l’Université Laval en apporte une preuve tangible. Les travaux de cette équipe révèlent que les mécanismes neuronaux qui conduisent à la douleur inflammatoire chronique ne sont pas les mêmes chez l’homme et chez la femme.
« On sait depuis longtemps que la prévalence des douleurs chroniques est plus élevée chez la femme, rappelle l’un des responsables de l’étude, Yves De Koninck, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche CERVO de l’Université Laval. Par exemple, les femmes représentent environ 90 % des cas de fibromyalgie. Elles sont aussi deux fois plus nombreuses à souffrir de maux de tête et de migraines. On sait également qu’elles ont une plus grande sensibilité aux stimuli mécaniques, thermiques, électriques et chimiques. Étrangement, les recherches semblent avoir longtemps fait abstraction de ces différences sexuelles. »
En effet, la grande majorité des études qui ont exploré les causes neuronales de la douleur n’ont pas porté une attention particulière aux femmes, constate le professeur De Koninck.
« Chez l’animal, les études ont surtout été réalisées chez des mâles. Quant aux études humaines, elles ont trop souvent amalgamé indistinctement les sujets masculins et féminins. »
L’équipe du professeur De Koninck et celle du professeur Michael Hildebrand, de l’Université Carleton, ont mis la main à la pâte pour corriger cette lacune en étudiant les mécanismes neuronaux sous-jacents aux douleurs inflammatoires chroniques. Pour ce faire, ils ont utilisé des tissus de moelle épinière prélevés chez 10 femmes et 12 hommes après leur décès, ainsi que des rats mâles et des rats femelles, qu’ils ont mis en présence de BDNF, une protéine qui accroît la sensibilité à la douleur.