La surmortalité causée par cette molécule pendant la première vague de la pandémie illustre les risques de repositionner un médicament sans données probantes
Pendant la première vague de la pandémie, l'administration d'hydroxychloroquine à des patients hospitalisés en raison de la COVID-19 aurait entraîné le décès d'au moins 17 000 personnes dans 5 pays d'Europe et aux États-Unis. Voilà l'estimation à laquelle arrive une équipe de chercheurs de l'Université de Lyon et de l'Université Laval au terme d'une analyse dont les détails viennent de paraître dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy.
«Comme l'hydroxychloroquine a été largement utilisée dans de nombreux autres pays, notamment en Inde et dans plusieurs pays d'Amérique du Sud, notre estimation n'est que la pointe de l'iceberg», souligne Steeve Provencher, professeur à la Faculté de médecine de l'Université Laval, pneumologue à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ) et chercheur au Centre de recherche de l'IUCPQ.
Rappelons que pendant la première vague de la pandémie de COVID-19, le personnel soignant ne disposait d'aucun médicament pour traiter les patients en état critique.
«Plutôt que de laisser les patients mourir sans rien tenter, il y a eu un recours compassionnel à certains médicaments homologués à d'autres fins, notamment à l'hydroxychloroquine, explique le professeur Provencher. Ce médicament est habituellement prescrit pour traiter certaines formes d'arthrite et de lupus de même que la malaria. Des essais in vitro avaient montré qu'il pouvait ralentir la réplication virale. De plus, quelques études sur un petit nombre de patients atteints de COVID-19 suggéraient qu'il pouvait avoir une certaine efficacité. C'est dans ce contexte que l'hydroxychloroquine a été repositionnée pour traiter la COVID-19.»