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Le stress, aussi l'affaire de tous

Le stress, aussi l'affaire de tous

Contrairement à la croyance populaire, le stress n'est pas principalement une réaction individuelle, mais est aussi lié à un bon nombre de causes externes

« Si t’es malheureux ou stressé, c’est de ta faute; il faut que tu te prennes en main. » Une opinion malheureusement trop souvent sous-entendue… Et pourtant.

« Ce n’est pas vrai! Il y a tellement de choses extérieures qui peuvent générer du stress, des choses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle et ce n’est donc pas notre faute », explique Caroline Ménard, professeure au Département de psychiatrie et neuroscience de la Faculté de médecine et chercheuse au Centre de recherche CERVO. « Être inquiet pour un proche, vivre un deuil ou simplement devoir s’adapter à la crise sanitaire actuelle en sont autant d’exemples. »

Caroline Ménard est une passionnée du stress depuis une dizaine d’années. Bien évidemment, en tant que chercheuse. Avec son équipe, elle s’intéresse aux effets du stress non seulement sur le fonctionnement du cerveau, mais aussi sur la santé en général, notamment sur les systèmes vasculaire et immunitaire ainsi que sur le microbiome.

Le stress est effectivement souvent un problème attribué à l’individu. Mais voilà: si on parlait plutôt du stress comme d'une responsabilité partagée? Devrions-nous, comme société, davantage réfléchir et nous questionner sur nos valeurs et nos modes de vie? Nous vivons dans un monde de grande performance. Pourrions-nous réfléchir collectivement sur notre rapport à la performance en revoyant, par exemple, les structures de nos organisations? En se demandant, par exemple, si cela est possible de ne pas se sentir obligés d’être efficaces à toute heure du jour?

La pratique du télétravail, qui était rappelons-le quasiment nulle avant la pandémie, amène d’ailleurs plusieurs réflexions en ce sens. D’autant plus quand on sait que près de 6 Québécois sur 10 (59%) préfèrent maintenant travailler à distance* — du confort de leur maison ou de leur chalet —, et ce, au moins trois jours par semaine.

« Il y a toujours eu beaucoup de pression de la part de la société et des organisations pour travailler en présentiel, affirme celle qui est également titulaire de la Chaire de recherche Sentinelle Nord sur la neurobiologie du stress et de la résilience. Or, on se rend compte que le télétravail a de nombreux avantages. Par exemple, on n’est plus pris dans le trafic et on est quand même très performants. C’est sûr qu’on ne tourne pas un dinosaure si facilement. Et bon, c’est connu, le changement fait peur. Mais voilà, présentement, certaines organisations réalisent que l’amélioration de la qualité de vie de leurs employés ne nuit aucunement à la performance de ceux-ci. Bref, qu’au bout du compte, tout le monde est heureux. »

En laboratoire, les recherches de l’équipe de Caroline Ménard portent notamment sur le phénomène de l’intimidation sociale, qui est une forme de stress chronique. « Les souris sont des animaux qui vivent en société, qui ont des hiérarchies et qui aiment interagir entre elles, un peu comme les êtres humains. On place donc des souris “moins gentilles”, soit les intimidatrices, dans un groupe, puis on regarde ce qui se passe dans la biologie des autres souris lorsqu’on les soumet à un tel stress social. Si on constate des changements – que ce soit au niveau des gènes, de l’anatomie, etc. –, on collabore ensuite avec des groupes de recherche qui travaillent du côté clinique, soit sur l’humain, comme l’équipe de la Banque de cerveaux du Centre de recherche Douglas. »

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