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Ce problème de santé publique occulté par la COVID-19

Ce problème de santé publique occulté par la COVID-19
Fatoumata Korika Tounkara (deuxième à partir de la gauche), en compagnie de travailleurs de la santé qui collaborent à son projet de recherche.

Par ses recherches doctorales, Fatoumata Korika Tounkara espère réduire les risques de transmission du virus du papillome humain chez les travailleuses du sexe au Mali

Fatoumata Korika Tounkara fait partie des nombreux étudiants dont le projet de doctorat a été chamboulé par la pandémie. Quand la COVID-19 a frappé, elle était au Mali, où elle menait des activités de recherche pour la lutte contre le virus du papillome humain (VPH) chez les travailleuses du sexe.

Depuis son retour au Québec, elle suit la situation avec inquiétude.

« Au Mali, les femmes qui vivent du travail du sexe constituent le principal vecteur des virus transmis sexuellement, rappelle-t-elle. Tandis que l’État concentre ses efforts sur la COVID-19, les autres problèmes de santé publique sont négligés. Quand j’ai quitté le pays, plusieurs médecins sonnaient l’alarme. »

— Fatoumata Korika Tounkara

Fatoumata Korika Tounkara effectue une thèse en épidémiologie sous la direction du professeur Michel Alary. Depuis 2016, elle a fait trois séjours au Mali afin de récolter des données sur ce virus qui cause le cancer du col de l’utérus. « Au Mali, le taux de mortalité par cancer du col de l’utérus est le plus élevé chez les femmes, alors qu’il occupe la quatrième position dans les pays développés. C’est presque le seul cancer qu’il est possible de prévenir. Si les états précancéreux du col de l’utérus sont dépistés et traités, la probabilité que la femme ne développe pas le cancer est très élevée. »

Avec l’organisme ARCAD-SIDA, la doctorante a mis sur pied des projets de formation et de sensibilisation afin d’améliorer les connaissances sur le cancer du col de l’utérus et le VPH. Sa recherche vise avant tout à aider les travailleuses du sexe à prendre les bonnes décisions sur leur santé.

Les défis sont grands. Au Mali, les travailleuses du sexe sont marginalisées et stigmatisées par une grande partie de la population. Dans bien des cas, elles sont analphabètes et n’ont pas accès à des soins de santé.

« Dans le cadre de mes recherches, dit Fatoumata Korika Tounkara, je suis tombée sur des gens qui ne voulaient même pas répondre à mes questions parce que mon projet porte sur les travailleuses du sexe. Dans ce pays où 90% de la population est musulmane et 10% catholique ou athée, toute relation sexuelle hors mariage est bannie par la religion. Pour plusieurs, mener un projet auprès de ces femmes revient à les encourager à faire le travail du sexe.»

Même si elle est originaire du Mali, la chercheuse se heurte à plusieurs barrières culturelles. « J’aurais pensé que mon intégration serait facile, mais ce n’est pas le cas. Je suis venue à l’Université Laval pour mon baccalauréat quand j’avais 18 ans. En faisant ma vie d’adulte au Canada, j’ai acquis une autre culture. La population du Mali est conservatrice et a peur de se faire imposer des choses de l’étranger. Il a fallu trouver des moyens de travailler localement avec les gens et gagner leur confiance. »

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