Faire une différence

Nicolas Fournier

Étudiant en ergothérapie, 3e année

Lorsque j’ai su que j’obtenais, non pas une, mais bien deux bourses de la Faculté de médecine, j’étais rempli de fierté. Puis, à une semaine de la tenue de la Cérémonie d’excellence, on m’a demandé de faire un témoignage à titre de lauréat pour partager avec vous mon parcours et mon implication en tant qu’étudiant à l’Université Laval et, plus spécifiquement, en tant qu’étudiant en ergothérapie. Comment aurais-je pu refuser un tel honneur? Car, après tout, je me fais un devoir d’être le porte-parole de tous ceux et celles qui sont honoré(e)s ce soir, bien qu’être sous les projecteurs n’est absolument pas ma tasse de thé.

Ces derniers jours, j’avoue que mon sentiment de fierté s’est transformé en stress, car je souhaite bien sûr remplir cette tâche et obtenir une bonne note d’appréciation! C’est donc avec plaisir que je vous partagerai la manière dont ma formation universitaire conjuguée au support de la Faculté et de ses partenaires me sert de catalyseur à mon implication dans la communauté ainsi qu’à mes nombreux projets en cours de réalisation ou à venir.

Tout d’abord, mon parcours universitaire a débuté à l’École Polytechnique de Montréal, en 2012, où j’y ai entrepris des études en génie physique. Jamais, à cet instant de ma vie, je n’aurais imaginé faire une autre carrière que celle d’ingénieur. Pourtant, un virage s’amorçait sans même que je ne m’en aperçoive.

L’été avant ma première année universitaire, j’ai participé à un séjour humanitaire en Bolivie avec des collègues du Cégep. Nous avions comme projet d’accompagner des enfants et des adolescents dans leur quotidien au Centre psychopédagogique de Sucre. Je n’avais aucune idée de ce qui nous attendait et j’appréhendais beaucoup notre travail auprès de ces enfants. Au Centre, il y avait une unité psychiatrique, une unité pour les tout-petits et une autre pour les adolescents aux prises avec des incapacités de toutes sortes. On y passait la journée à divertir les enfants, à leur donner le repas ou à confectionner des pièces artisanales qu’ils revendaient à leurs profits. Sans même m’en rendre compte, une étincelle venait de s’allumer à l’intérieur de moi. Elle a continué de s’embraser pour finalement emporter avec elle tous mes plans de carrière en ingénierie. J’ai donc fait mes adieux à mon jonc pour accueillir l’incertitude.

Après deux années à me débattre avec les équations mathématiques et les lois de la physique quantique, je me suis retrouvé à la Faculté de médecine, à l’Université Laval, où j’ai pu réaliser mon désir de travailler dans le domaine de la santé. C’est seulement après une année en sciences biomédicales que l’ergothérapie m’est apparue comme une suite logique pour faire revivre l’étincelle que j’avais connue en Bolivie.

Pour moi, l’ergothérapie, c’est accompagner les personnes qui sont en situation de handicap à travers les aléas de leur quotidien. C’est aussi venir en aide à une diversité de personnes, d’accueillir cette diversité et de l’accepter, du nouveau-né prématuré à l’aîné en fin de vie. En ergothérapie, on soigne les gens par l’occupation, comme le suffixe ergo l’indique en grec. Bon, O.K.! C’est Wikipédia qui me l’a dit, mais il n’en demeure pas moins que c’est dans la variété des occupations de la personne qui consulte l’ergothérapeute que ce dernier peut œuvrer pour son plus grand bien.

Sur le plan de ma contribution sociale, je fais du mieux que je peux, mais qui dit étudiant universitaire dit multiples occupations à gérer à l’horaire ! Entre mes stages, mes cours, mes emplois étudiants, mes projets et mes loisirs, je réussis à créer mon propre équilibre occupationnel.

Depuis maintenant près de deux ans, je partage une partie de mon quotidien avec une famille qui a besoin d’aide. Chaque semaine ou presque, je me rends vaillamment chez des êtres devenus chers à mes yeux. Là-bas, j’ai la chance de côtoyer deux jeunes adultes extraordinaires qui ont des incapacités physique et intellectuelle. La première est rayonnante et répand son énergie partout autour d’elle tandis que le deuxième est plus réservé et timide. Quand, elle, elle préfère danser à sa façon et mettre la musique à tue-tête, lui se plait à faire des casse-têtes et à écouter des films sur CinéPop. J’ai donc la chance de venir en aide à deux parents formidables qui désirent plus que tout le bonheur de leurs deux enfants un peu différents, mais ô combien attachants. Dans le plus grand respect, j’apporte une aide à domicile à ces parents, notamment au niveau des soins personnels de leurs enfants, tels que l’alimentation et l’hygiène. Cet engagement auprès de ces personnes me permet autant d’exercer mon expertise fleurissante en ergothérapie que mon rôle d’agent de changement en vue de faire valoir les droits et les besoins de ceux et celles qui présentent des difficultés physiques ou intellectuelles apparentes aux yeux de la société dans laquelle nous vivons.

Parallèlement à mes études, je mène une carrière d’animateur scientifique auprès d’enfants d’âge scolaire depuis belle lurette. Cette implication représente le seul vestige de mes anciennes ambitions d’ex-futur-ingénieur. C’est donc à la Boîte à science, un organisme à but non lucratif qui se veut « être le catalyseur de l’engouement en divertissement et [en] apprentissages scientifiques et technologiques pour la jeunesse des régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches », que j’exploite ma créativité et ma folie pour le plus grand plaisir des enfants. À la Boîte à science, je suis Borax, moniteur et, maintenant, adjoint à la coordination du Camp de jour des Débrouillards (eh oui, je succède à Gregory Charles, mais pas à la télévision, car on se rappelle que les projecteurs ne sont pas dans mes cordes, alors, encore moins la caméra). J’anime également des ateliers Samedis Débrouillards et des anniversaires scientifiques. C’est cet emploi qui m’a inspiré une future carrière davantage orientée vers la pédiatrie.

Cet été, je prendrai ma retraite du Club des Débrouillards. C’est grâce à la Faculté de médecine, à la Direction du programme d’ergothérapie, au Regroupement des étudiants en ergothérapie de l’Université Laval (RÉEL) ainsi qu’à vous, chers donateurs et partenaires, que je pourrai me consacrer à un nouveau défi en participant à un stage international et interculturel en ergothérapie au Vietnam. Ce séjour de 9 semaines représente pour moi une occasion inestimable d’élargir mes connaissances et d’acquérir une expérience complémentaire à ma formation et à mes stages, en plus de promouvoir ma future profession à l’étranger. Ayant une forte propension à relever sans cesse de nouveaux défis et un désir de découvrir différentes cultures, je me suis lancé dans cette aventure afin de me perfectionner au niveau de mes habiletés interpersonnelles. Je pourrai ainsi devenir un thérapeute beaucoup plus mature pour intervenir au meilleur de mes connaissances et à la hauteur de la richesse de mes expériences que j’aurai vécues en sol vietnamien.  Outre ces aspects universitaires, la concrétisation de ce projet nécessite une implication au sein de ma faculté et de la communauté étudiante. Or, j’ai le privilège de faire partie du comité organisateur de l’édition 2018 de la Soirée de formation communautaire du Fonds des étudiants de la Faculté de médecine pour la santé internationale, mieux connu sous le nom du FEMSI, en tant que responsable des commandites et de la promotion.

Finalement, je voudrais remercier tous les donateurs et partenaires présents pour votre incommensurable générosité. Vous contribuez au développement professionnel et personnel de chaque étudiant lauréat des nombreuses bourses offertes ce soir. En plus de nous aider dans nos projets, votre soutien nous permet aussi de nous consacrer à nos passions ainsi qu’à la poursuite de nos ambitions. Pour ma part, mes études se poursuivront à la maîtrise dès l’automne prochain. J’ai comme objectif de faire partie du profil entrepreneurial. Si le processus de sélection, dans lequel je me suis déjà engagé, m’est favorable, j’aspire à mener un projet communautaire auprès d’enfants en situation de vulnérabilité psychosociale et de leur famille. Voilà tout ce dont il me sera possible d’entreprendre, car je pourrai investir mon énergie et mon temps à la réalisation de ces projets grâce au soutien financier et au support de tous les acteurs impliqués dans la réussite et le rayonnement des étudiants et des étudiantes de la Faculté de médecine.

Pour finir, la morale de mon témoignage se veut bien simple. Nul besoin de décrocher la Lune pour se démarquer parmi les grandes personnes de notre société. En ce qui me concerne, je souhaite tout simplement faire une différence, aussi minime soit-elle, dans la vie des gens qui croiseront ma route dans les prochaines années. Vous entendrez sans doute parler de moi au détour, du moins je l’espère, car bon nombre de mes réalisations sont à venir!

Pour la énième fois, je vous dis merci, chers donateurs et partenaires financiers, au nom de tous les lauréats et toutes les lauréates pour votre appui financier et, surtout, pour développer le côté humain!